19.10.06

Le colloque singulier pris au piège de la Sécurité sociale obligatoire

Le 17 octobre 2006, l'Institut Turgot organisait avec Georges Lane dans les locaux de l'ALEPS une conférence sur "le colloque singulier pris au piège de la Sécurité sociale obligatoire".

Un de mes lecteurs assidus a pu y assister et prendre des notes. Je lui cède la parole.
____
L'Institut Turgot travaille entre autres sur un dossier santé. Il paraissait tout indiqué d'inviter Georges Lane, spécialiste de la Sécurité sociale française, pour faire le point sur la situation française d'un point de vue non seulement économique et social, mais surtout du point de vue du patient et de la relation qui s'instaure avec son médecin.

Une quinzaine de personnes assistaient à cette conférence. Outre Georges Lane, j'ai reconnu Guy Millière, François Guillaumat, Michel de Poncins, Aurélien Véron (qui est passé en coup de vent), et le maintenant célèbre docteur Bruno Gomez. Merci au responsable du secteur santé, pour son accueil.

J'ignorais jusqu'alors ce que pouvait bien être ce "colloque singulier" : il suffit de savoir qu'on désigne ainsi la relation médecin - patient. Le propos de Georges Lane est de montrer que cette relation s'est incroyablement dégradée en France au cours du XXe siècle (et particulièrement depuis 1945), depuis qu'elle a été transformée sous les pressions politiques, administratives et syndicales. Georges Lane est intarissable sur le sujet : sa conférence qui devait durer 45 minutes a finalement duré 1h30 (de 19h30 à 21h) ! Pas trop de chiffres, mais de nombreux rappels historiques et politiques.

J'aborderai le fond du sujet tel qu'exposé par Georges Lane par la suite. En fin de séance, le docteur Gomez a évoqué son site libre assurance maladie ainsi que son combat actuel : il a quitté les organismes de SS français et appelé les anesthésistes libéraux à en faire autant. Le message n'est pas de "quitter la sécu", mais de la considérer comme une assurance-maladie comme les autres, et de faire jouer la concurrence.

Le mécontentement des anesthésistes est grand : ils n'ont pas été augmentés depuis 15 ans, leur âge moyen est de 53 ans, la profession n'attire plus les jeunes. Le gros du travail est fourni par les anesthésistes libéraux, c'est à dire seulement 33% de la profession (les autres préférant exercer à l'hopital), mais qui réalise 75% des anesthésies ! Le docteur évoque, pour justifier sa lutte pour la liberté de l'assurance sociale, le serment d'Hippocrate, qui dit notamment : "je préserverai l'indépendance nécessaire à l'accomplissement de ma mission". Pour le moment, fort remonté ma foi, et totalement déterminé, il traîne le directeur de l'URSSAF au pénal. Il évoque les arguments des organismes français, qui ont le culot d'affirmer que "les médecins vivent de la Sécu", ou : "c'est grâce à la Sécu qu'il y a des médecins libéraux", voire "la Sécu a permis à une large population de se soigner" (affirmation réfutée par Georges Lane).

Les assureurs français, dont on connaît la timidité dans le domaine qui nous occupe, ont tout à perdre dans l'instauration de la concurrence qui a suivi l'abrogation du monopole depuis son transcription en droit français en 2001. Ils ont menti depuis 1994 (date des directives européennes) pour tenter de garder leur clientèle captive (les travailleurs non salariés), les assurances étrangères ayant l'avantage considérable pour le client d'être moins coûteuses (la CSG n'étant pas due dès lors qu'on cotise à un organisme européen étranger). Ceux qui veulent s'assurer à l'étranger doivent choisir des compagnies qui ne sont pas présentes en France, compagnies qui sont ainsi à l'abri des rétorsions multiples que pourraient leur faire subir les administrations françaises.

La commission de Bruxelles ne fait pas les lois, mais veille seulement à leur application. Malheureusement, des sous-marins français y sont installés de manière à faire le plus possible barrage à l'application de la loi (les noms sont connus : découvrez l’homme de l’ombre). C'est un combat d'arrière-garde, car selon le docteur Gomez, il est prévisible que le système français finisse rapidement par s'écrouler, une petite minorité de personnes quittant les organismes français suffisant à ébranler son équilibre (ou son absence d'équilibre, si on considère les déficits permanents).

A suivre.

6 commentaires:

Jean-Marc a dit...

Bonjour,

Il semblerait que DKV ne puisse plus assurer les résidants Francais
Voila leur réponse à une demande de renseignements

Cher Monsieur,

Votre mail du 10/10/2006 a retenu notre meilleure attention.
Nous vous remercions vivement de l'intérêt que vous manifestez à l'égard des produits d'assurance que nous commercialisons.

DKV Belgium est active dans le secteur de l'assurance privée soins de santé. Ainsi, nos couvertures prévoient l'indemnisation des frais hospitaliers, ambulatoires et de soins dentaires. Ces couvertures complètent généralement l'intervention de la sécurité sociale belge.

Vous êtes à la recherche d'un assureur pouvant vous offrir des garanties substitutives à la sécurité sociale française. A cet égard, nous vous informons que la distribution de produits d'assurance à destination du marché français n'entre pas dans la stratégie commerciale de notre société.

La souscription de formules substitutives au régime de la sécurité sociale française n'est possible qu'à la seule condition que le citoyen français ait bien la qualité d'expatrié, c'est-à-dire avec une adresse de résidence permanente située en dehors de l'état français.

Etant donné votre qualité de résident français, nous ne sommes pas en mesure de répondre favorablement à votre demande.

Veuillez croire, Monsieur, à l'assurance de notre considération.

Laure Allibert a dit...

En attendant, ça a bien marché pour le docteur Gomez, puisque je crois qu'il est chez DKV...

EiriaTem a dit...

Le Dr Gomez est passé au tribunal et a perdu... il serait interessant d'en savoir plus.....

Laure Allibert a dit...

Il a fait appel et a contre-attaqué en portant plainte au pénal contre l'URSSAF.

EiriaTem a dit...

Laure, pensez-vous possible qu'il vienne mettre un mot sur votre Blog?

Laure Allibert a dit...

Je ne sais pas, sinon vous pouvez peut-être lui envoyer un e-mail (écrivez-moi à laure_allibert at hotmail.com, je vous donnerai son adresse email).